Après plusieurs installations artistiques monumentales au Socle, l’installation « Les Habitants » de Thibault Lucas prend le Socle à contre-pied en proposant une sculpture plus petite que la réalité et une fresque géante sur le mur attenant.
Ainsi l’attention est portée sur le lieu et les personnes qui le pratiquent plus que sur l’œuvre d’art elle-même.
La tente est d’or et sur un piédestal. La fresque est noire et se fond dans l’immeuble.
« Je veux tenter comme un alchimiste de révéler la force de la fragilité et fissurer les certitudes de la stabilité. »
Cette tente en or est un prétexte à la rencontre, une façon de provoquer des échanges (en latin « pro vocare » : susciter la parole) entre habitants du quartier, habitants de la rue, habitants de passage. « Les Habitants » est en fait une proposition de lien entre des mondes qui se jouxtent sans jamais se toucher.
La fresque est la photographie d’une œuvre in situ faite de feuilles de papier pliées et de bougies créée par l’artiste dans le vide sanitaire de son atelier à Aubervilliers et réalisée en écho du camp de crack voisin de la Porte de la Villette.
La fresque avale la lumière, la tente la reflète et révèlent ensemble la monumentalité discrète du site et l’humanité qui se joue à cet endroit très précis.
Biographie
Né en 1984 à Suresnes, Thibault Lucas travaille à Aubervilliers, dans la résidence d’artistes Poush. Pluridisciplinaire (sculpture, in situ, vidéo), il réalise des interventions dans des lieux en retrait au milieu de la ville, de la nature ou dans des lieux d’art. Son travail tente de révéler et de poétiser ces endroits par un simple déplacement et/ou agencement des matériaux trouvés/empruntés sur place. Son travail est toujours en mouvement et provoque des rencontres improbables avec des passants qui viennent nourrir chaque projet. Thibault Lucas travaille de façon spontanée en se laissant porter par le lieu et ses contraintes ainsi que les matériaux et outils qu’il a sous la main. Des portes en pierre sous le périphérique, des cercles sur les toits de Poush, un volcan dans une église, une ville miniature en granit sur la pointe de l’île St Denis, un désert dans le hangar du Wonder, des mauvaises herbes sur les murs du Centre d’art de Clichy…