
L’installation-monument de Khaled Dawwa détonne sur Le Socle. Elle a une valeur politique universelle. Le plasticien syrien exilé en France a scupté un dictateur non pas dans la gloire, mais dans la déchéance. Cette sculpture de 3,5 mètres de haut appartient à une série « Debout » dont on ne connaît pas la fin : avec ses hommes ventripotents inertes assis dans leur fauteuil, l’artiste parle du pouvoir absolu et destructeur. Celui qui est à l’origine de ses propres blessures, de son emprisonnement, puis de sa fuite pour la France. Mais ce n’est pas seulement la situation syrienne, l’actualité politique de son pays ou les méthodes de destruction qu’il évoque. En agrémentant ses personnages de chiens, de barils d’explosifs, d’urnes électorales, il symbolise celui qu’il appelle : « Lui », le Pouvoir.
Cette œuvre politique grave, ancrée dans la tragédie de l’histoire, a les traits de la satire, de la provocation, de l’absurde comme dans « Ubu Roi », la pièce d’Alfred Jarry (1896), dont le personnage a des traits physiques proches. Mais l’œuvre de Khaled Dawwa n’est pas une farce, c’est une réalité internationale, une invitation à ne pas baisser les bras.
Crédit photos© Sharbel Kanoun