Yumi Fujitani, Aka-Oni #2
Yumi revient au Socle pour danser Aka-Oni (2e version) autour de la sculpture monumentale de Khaled Dawwa « Debout » (Le Roi des Trous).Le personnage d’Aka-Oni (l’ogre rouge) traverse l’espace et le temps pour exprimer par ses gestes une prière à la paix, un rejet de la guerre.
Le rouge représente la déesse shinto du soleil Amaterasu, le Dharma du rouge, c’est également le symbole des Miko, ces jeunes femmes au service des sanctuaires shintoïstes, qui, autrefois, entraient en transe et rapportaient des prophéties.
Mais l’univers de Yumi empreint du spirituel garde aussi une dimension toujours fantaisiste, voire absurde. Le butô, auquel elle se rattache, est une danse née au Japon dans les remous sociopolitiques d’après -guerre et le fruit d’une rébellion. Elle oblige l’interprète à repenser ses actions corporelles, sa relation au cosmos, son être-au-monde. Elle atteint profondément le spectateur et lui propose une philosophie de vie. Mais elle est difficilement saisissable. Nourrie des avant-gardes européennes des années vingt et cinquante du siècle dernier, au carrefour des arts plastiques, de la littérature, cette danse subversive se caractérise par sa lenteur, sa poésie et son minimalisme. Elle évoque une imagerie grotesque, des sujets tabous, des environnements extrêmes, absurdes. Mais, il existe autant de formes de butō qu’il existe d’artistes, Il n’y a pas de style fixé, cela peut être purement conceptuel sans aucun mouvement. Ici, l’artiste sonde les instances de son esprit, sa relation au cosmos et l’inscription de son être au cœur de l’univers. »
– Butô(S) Paru le : 27/03/2002 Éditeur(s) : CNRS Editions / Réunis et Présentés par Odette Aslan, Béatrice Picon-Vallin
Conception et interprète : Yumi Fujitani
Productions : Cahiers Sauvages, Association Pilipili
Crédit photo © Philippe Baldin